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MONDE MUSULMAN : LES FEMMES
S’AFFIRMENT Ces progrès prennent un sens
particulier compte tenu du contexte iranien et des mesures coercitives
prises à l’encontre des femmes au lendemain de l’avènement de la
république islamique d’Iran, en 1979. Les conservateurs s’interrogent
aujourd’hui sur les conséquences sociales de cette évolution. Les
Iraniennes revendiquent désormais une revalorisation de leur place sur le
marché du travail, au sein de la famille et dans la
société. L’islamisation de l’école iranienne,
à partir de 1979, avait suscité de vives inquiétudes sur l’avenir de
l’éducation des filles et de leur place au sein du système scolaire.
Comment les mouvements islamistes allaient-ils orienter l’éducation des
femmes en Iran et quel type d’enseignement pour quels rôles sociaux
envisageaient-ils ? L’islamisation de l’école devait permettre au nouveau
pouvoir issu de la révolution d’atteindre trois finalités importantes :
promouvoir la culture islamique, endiguer l’“influence” de la culture
occidentale, former le nouvel individu islamique à travers une
acculturation intensive et une socialisation centrée sur les valeurs de la
société islamique naissante. Dans cette perspective, on craignait de voir
revivre la querelle ancienne relative à la scolarisation des filles vécue
lors de la naissance de l’école moderne en Iran, à la fin du XIXe siècle.
A cette époque, une partie du clergé et des milieux traditionnels était
contre la scolarisation des filles. C’est avec la révolution
constitutionnelle de 1906, suivie par l’institutionnalisation d’un pouvoir
laïc en Iran et son approche autoritaire, qu’on est parvenu à briser la
résistance des conservateurs. Avec la multiplication des établissements
féminins, la scolarisation des filles s’est imposée comme une réalité
sociale irréversible. De même, les mouvements islamistes ont fini par
accepter l’école féminine moderne, la critique islamiste des décennies
précédant la révolution de 1979 visait davantage les finalités de
l’éducation féminine ou le port du voile. Les recherches récentes montrent que
la révolution islamique a largement favorisé la présence des femmes comme
acteurs sociaux au sein de la société iranienne. De même, le nouveau
régime islamique se voulait le garant de la scolarisation des filles dans
une école “islamisée”, “protégée” et bien encadré. En effet, à la
différence de l’islam traditionnel, l’islamisme ne rejette pas la société
moderne et ses institutions. Quant aux femmes, la version islamiste laisse
timidement ces dernières s’ouvrir à l’espace public et à la vie sociale
tout en enfermant le corps féminin dans le voile. Les jeunes Iraniennes mettent souvent
l’accent sur les “avantages” pratiques ou symboliques des études : sortir
de la maison, éviter un mariage précoce, fréquenter des amis, jouir d’une
autonomie plus importante, se faire entendre dans le milieu familial, se
faire respecter par l’entourage... Les jeunes Iraniennes voient les
études comme un défi à une idéologie sexiste et à une société patriarcale.
Ce sont les filles les plus engagées qui octroient un sens idéologique
fort à l’acte d’étudier et de réussir. Ce qui est frappant, c’est l’écart
retentissant entre l’image de la femme présente dans les manuels scolaires
ou dans la culture formelle et la façon dont les jeunes filles vivent et
se projettent dans l’avenir. En moyenne, entre 1995 et 2000, plus de 120
000 femmes diplômées de l’enseignement supérieur sont entrées sur le
marché du travail. Saeed
Paivandi |
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